Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue pour une année exaltante de découverte du continent Nord-Américain et de ses attraits, du moins c'est ce que dit le programme...

lundi 7 mars 2011

Le rideau tombe sur le canal

Avant de poursuivre la visite de Chicago, il me faut réagir à l'actualité urgente. En effet, aujourd'hui Ottawa vient de voir disparaître un de ses principaux monuments. Cette terrible perte sera dure à remplacer, au moins jusqu'en janvier 2012.


Le Canal Rideau est l'attraction phare de la ville durant l'hiver. Construit par le colonel John By (merci John !) au début du XIXe siècle, il relie Ottawa au lac Ontario, en évitant tout passage près de la frontière américaine assez dangereuse à l'époque.


Comme les Américains n'ont jamais attaqué, il a bien fallu trouver une fonction à ce beau cours d'eau. En été pas de problème, diverses embarcations le sillonnent jusqu'à l'enfilade d'écluses qui séparent le Château Laurier de la Colline du Parlement.


En revanche, son utilisation hivernale ne date que des années 1970 quand la commission de la capitale a eu la bonne idée d'en faire une patinoire. Avec les années, elle s'est progressivement agrandie jusqu'à atteindre sa taille actuelle de 7,8 km patinable, une distance si respectable qu'elle en fait la plus vaste du monde.


Évidemment, j'ai voulu tester cette institution locale, ce qui m'a valu pas mal de frayeurs et de gamelles durant mes premières tentatives. Alors que la patinoire n'était pas encore totalement ouverte, le premier kilomètre fut un calvaire.


Non seulement, la glace glisse (ce qui est inadmissible pour un débutant) mais en plus elle est pleine d'irrégularités et ne demande qu'à se rompre à de nombreux endroits. Le seul point positif est que même en manquant de talent, la plupart des chutes sont indépendantes de vos actions.
Cependant, contrairement à plusieurs condisciples patinant dans d'autres lieux (moins réputés évidemment !), je n'ai pas eu l'occasion de m'ouvrir l'arcade sourcilière le long du parcours gelé.


Si cet article n'est écrit que maintenant, c'est bien que je n'avais pas voulu tirer un tel bilan avant d'avoir quelques garanties. Celle ci me semble suffisante :


Du fait de la météo, le canal a donc expiré pour cette année après une saison plutôt longue semble-t-il. D'après mes estimations personnelles, j'ai dû avoir la chance de le parcourir un peu plus d'une vingtaine de fois, ce qui est très satisfaisant vu mon niveau initial.



Curieusement, c'est début mars que j'ai pu profiter de mes meilleurs moments sur la glace : l'expérience, un froid suffisant mais pas extrême, un grand soleil ont fait que mon avant-dernière ballade fut et de loin la meilleure. C'est la seule fois où j'ai pu parcourir l'intégralité de la patinoire en une seule fois, avec une distance sans arrêt dépassant les 6 km 500, proche de la performance d'un Canadien un peu fatigué.


Ces derniers sont bien sûr très forts sur des patins. Alors qu'en France, environ un tiers d'une patinoire est toujours composée de gens ridicules, à Ottawa, les chutes sont très rares et beaucoup ont visiblement une longue pratique. Savoir patiner en arrière à trois ans n'a pas grand chose d'exceptionnel là-bas !


Avec une taille comparable à 90 patinoires olympiques, le canal Rideau présente un environnement varié. En pleine ville à son départ près du centre rideau, il est à cet endroit affreusement surpeuplé. Il longe ensuite le campus de l'université, ce qui est assez pratique.




Après de sympathiques stands de Queues de castors, une longue ligne droite amène le patineur jusqu'au très beau pont Pretoria, malheureusement doublé d'une bretelle d'autoroute.




Le point d'intérêt suivant est le ruisseau Paterson auquel on accède par un joli petit pont romantique. Cependant, la glace y est souvent exécrable, ce qui en ferait finalement un lieu de séduction plutôt risqué !


L'île Pig apparait quelques centaines de mètres plus loin, son nom peu glorieux ne rend pas vraiment hommage à ce sympathique îlot rempli d'arbres. Il permet quand même au Canal Rideau d'être une patinoire possédant une île, ce qui n'est à priori pas banal !



Après le pont de la Rue Bank, assez joli lui aussi, une longue section en coude conduit au lac Dows.



À lui seul il ferait une patinoire très honorable, son tour permet de rallonger pas mal le parcours. Sa glace souvent de très bonne qualité en fait un des endroits les plus sympas.



Enfin, la dernière ligne droite permet d'arriver aux pieds des écluses Hartwell. Même si je ne l'ai pas beaucoup parcouru (deux fois) du fait de son ouverture tardive, la glace y était particulièrement transparente, donnant une impression de pureté et de fragilité parfois inquiétante.



Voilà vous savez tout, le Canal a sans doute rempli plus de mes attentes cette année que pas mal de cours à l'université. Il m'a donné la chance d'apprendre à patiner dans le meilleur cadre possible. Qu'il repose en paix, même si j'ai la ferme intention de le revoir un jour !

mercredi 9 février 2011

La cité venteuse, et neigeuse

Bonsoir, chers amis lecteurs. Aujourd'hui, nous embarquons pour la plus grande révélation (en date) de cette année. Quelle est selon vous la quintessence de la ville américaine ? New York. C'est probablement ce que j'aurai dit jusqu'en décembre 2010.

Cependant, grâce à une soudaine inspiration, peut être aidée par la lecture d'un guide sur le sujet à Québec (quelle transition !), je me suis dit qu'il pourrait être intéressant de profiter de quelques jours entre les examens pour partir visiter Chicago, à plus de 1200 kilomètres d'Ottawa.


En me levant à 3 heures du matin pour partir à l'aéroport, j'ai commencé à sérieusement douter du bien fondé de ce voyage. En attendant le bus, une discussion assez étonnante avec un autre étudiant, seule personne présente sur le campus désert fut une première bonne surprise. Chacun semblait surpris de ne pas être le seul à avoir une bonne raison de se trouver dans un abri bus en pleine nuit.



Après un passage très fluide à la douane, presque inquiétant de facilité, il fallut embarquer dans un avion minuscule aux hublots étroits et à la pressurisation douteuse. Un petit coup de jet dégivrant et nous voilà en l'air pour un voyage sans histoire jusqu'à Philadelphie.



Le second vol à destination de la capitale du Midwest est en revanche plus impressionnant avec la traversée d'immenses plaines enneigées, si lisses qu'elles semblent avoir été polies. Ensuite, le lac Michigan ressemble à une véritable mer intérieure, au bleu sombre et calme, qu'il faut plusieurs dizaines de minutes pour franchir malgré une vitesse très respectable.



L'aéroport O'hare, longtemps le plus important du monde se situe au nord de la ville, au milieu d'immenses banlieues résidentielles dont le survol montre l'étendue de la troisième agglomération du continent avec plus de 9 millions d'habitants.


Se repérer un tel lieu n'est pas facile, et retrouver quelqu'un l'est donc encore moins. Cependant, l'expérience prouve que c'est possible et que contrairement aux apparences, le métro offre un voyage bien plus rapide et commode vers le centre ville qu'un taxi pris dans les immenses embouteillages autoroutiers.



En sortant à l'air libre dans le Loop, quartier principal de la ville, la riche architecture moderne se dévoile assez rapidement. Cette réputation de plus en plus reconnue internationalement est vraiment méritée. En revanche, il semble que Chicago ne soit plus vraiment la capitale du crime et de la racaille. Certains quartiers sont toutefois sensés faire perdurer cet héritage, mais il est apparemment facile de les éviter sans même l'avoir volontairement planifié.




Comme vous pouvez le voir, le métro aérien, cliché de l'Amérique, est une spécialité locale qu'on retrouve rarement aussi intégré au cœur d'une ville. Se déplacer à bord devient une attraction en soi et manger dans l'auberge de jeunesse de la ville permet de contempler les allées et venues des rames entre deux muffins.




Chicago possède toutefois un aspect moins amusant que son beau métro, un climat continental très affirmé. Les températures sont basses, il neige, la visibilité est mauvaise et surtout, il vente. Surnommée Windy City pour cette caractéristique climatique mais aussi pour des raisons d'inefficacité politique, il est difficile d'imaginer un meilleur qualificatif.




C'est pourquoi,  mes deux prochains articles auraient pu se résumer à un seul, présentant les superbes musées et autres endroits chauffés de la ville. Heureusement, les éléments ayant été cléments à la dernière minute, c'est à dire trois heures avant mon départ, je te proposerai également une ballade extérieure, à la rencontre des réalisations des Frank Lloyd Wright et autre Mies Van der Rohe.

Si toutefois tu ne demeures pas convaincu par ma prose et mes photographies, je t'incite fortement, cher public à te rendre si tu le peux dans cette ville qui rivalise sans peine avec la grosse pomme de la côte est.

mardi 25 janvier 2011

Québec (en français dans le texte)

L'avantage d'une troisième année au Canada est qu'elle permet de découvrir un pays plein de contrastes d'un endroit à l'autre. Il y a quelques jours, je parlais de Toronto, voyons ce soir une ville qui semble être pratiquement son opposé, Québec.



Pour éviter de confondre ville et province, les anglophones l'appellent Quebec City, ce qui est assez injuste pour le cœur de l'Amérique du nord francophone. Ayant traversé ses banlieues, pour me rendre à Tadoussac, je n'avais pas vu grand chose à mon premier passage si ce n'est un furtif aperçu de l'impressionnante chute de Montmorency. Plus loin, Sainte-Anne de Beaupré est également un endroit charmant mais dont je vous ai déjà parlé.



Cependant, j'ai eu la chance de pouvoir retourner passer une fin de semaine à Québec quelques mois plus tard. J'étais d'autant plus chanceux qu'une amie rencontrée à Sciences Po l'an dernier eut la gentillesse de m'accueillir dans sa sympathique famille.


Aller en bus d'Ottawa à Québec donne encore une démonstration de la taille du Canada puisqu'en partant en milieu d'après-midi, je ne fus pas sur place avant la fin de la soirée. Après d'agréables retrouvailles et une bonne nuit de sommeil, nous étions prêts à commencer la visite.


Toutefois, aller jusqu'au centre-ville prend un certain temps du fait de l'étalement urbain assez impressionnant de Québec.


C'est le paradoxe de cette cité dont les vieux quartiers font vraiment penser à une ville européenne avec parfois même des airs de villages bretons. Ces derniers possédent néanmoins rarement les immenses fresques murales de l'ancienne capitale de la Nouvelle-France. Visiter Québec est  donc une véritable bouffée d'air pur pour un Européen lassé de l'urbanisme rationalisé et routier du reste du continent.



Le Château Frontenac est le monument emblématique de la ville et est considéré comme l'un des hôtels les plus célèbres du monde (mais oui vous l'avez sans doute déjà vu quelque part). Je dois également reconnaître qu'il supplante le château Laurier d'Ottawa, bien que m'étant attaché à la silhouette de ce dernier.


Un peu plus loin, la citadelle surplombe les falaises du haut desquelles le site naturel de la ville apparaît dans toute sa beauté. Dans un tel panorama est expliqué le nom autochtone de la ville "l'endroit où le fleuve se resserre". En effet, bien que toujours très large, le Saint-Laurent n'a pas encore l'étendue colossale qu'il gagnera en aval de l'île d'Orléans, vers Tadoussac et son embouchure.


Un peu plus loin s'étend l'immense parc vallonné des plaines d'Abraham où la France perdit le Canada en quelques minutes le 13 septembre 1759. Ne vous inquiétez pas si vous n'en avez jamais entendu parler, la mémoire nationale n'aime sans doute pas s'attarder sur ce genre de déroute. En revanche au Québec, cette bataille reste un évènement historique fondamental.


En tant que capitale nationale du Québec, comme à Ottawa pour le Canada, on trouve de superbes musées. Le musée des Beaux arts du Québec présente essentiellement les artistes de la province et possède certaines œuvres incroyables comme les fresques de Jean-Paul Riopelle à la fois monumentales et originales.


Le musée de la civilisation (et non pas des civilisations comme à Gatineau) est moins impressionnant architecturalement que son homologue fédéral mais ses collections valent largement le détour.  D'une exposition sur l'eau à un espace analysant la possibilité d'une vie après la mort en passant par des présentations de légendes populaires québécoises, la visite est très instructive. La galerie sur les premières nations se révélant même passionnante avec l'animation d'une guide. Enfin des percussionnistes japonais tapant furieusement sur toute sortes d'objets à leur disposition assuraient un fond musical assez peu discret mais inattendu.


Le parlement du Québec ne ressemble guère à celui du Canada, et rappelle davantage des bâtiments français comme l'hôtel de ville de Paris. Très bien situé sur une hauteur, entouré d'un parc peuplé par les statues des hommes politiques de la province, une très belle fontaine, récemment installée mais malheureusement arrêtée complète depuis peu le lieu.


Les salons rouge et bleu dans lesquels siège l'assemblée nationale sont probablement plus majestueux qu'à Ottawa. Le protocole qui est très élaboré est symbolisé par une énorme masse représentant l'autorité royale dans le parlement. En effet, au Québec aussi Elizabeth II reste chef de l'État ce qui ne semble pas plaire à tout le monde.
La bibliothèque parlementaire est une grande galerie lumineuse présentant une curiosité géologique surprenante, un coquillage fossile incrusté dans l'une des colonnes de marbre.


Enfin, aller écouter un chanteur québécois reconnu, Daniel Bélanger, au Grand Théatre du Québec fut comme une cerise sur le gâteau pour ce séjour court mais mémorable. Voici le concert résumé avec beaucoup de talent journalistique.


En guise de conclusion, j'adapterai la célèbre phrase de Arthur Buies, "quiconque à vécu à Québec veut y mourir" en "quiconque a visité Québec veut y revenir".