Bonjour à toutes et à tous ! Bienvenue pour une année exaltante de découverte du continent Nord-Américain et de ses attraits, du moins c'est ce que dit le programme...

vendredi 21 janvier 2011

Sous la neige, la plage

Comme je ne me lasse pas de vous surprendre, préparez vous pour un bon temporel de plusieurs mois. Si les articles précédents vous ont frigorifié, celui là devrait au contraire vous réchauffer un peu.


Lorsqu'on pense à New York, une belle plage de sable n'est pas la première vision qui vient en tête. C'est pourtant dommage car la ville en abrite une toute à fait remarquable, Coney Island.
Apparemment, ce lieu situé au sud de Brooklyn a déjà fait du cinéma. C'est vrai qu'on semble avoir l'impression de le connaitre dès la première visite.



Pourtant arriver jusque là n'est pas chose facile, Brooklyn ayant une population égale à celle de Paris et étant assez peu dense par rapport à Manhattan, il faut une bonne heure de métro aérien pour arriver à destination. Pour les plus intéressés à la chose ferroviaire, ce qui ne devrait pas concerner grand monde, on passe sur le chemin près du plus grand centre d'entretien de train au monde. Les rames des réseaux de la MTA s'y comptent par centaines. Au loin, ont distingue également le pont Verrazano, dont j'ai déjà parlé antérieurement.


Une fois sur place, Coney Island apparaît d'abord comme un amoncellement de petits restaurants et de boutiques touristiques en tout genre. Tout près se trouve un parc d'attraction un peu démodé avec une grande roue franchement étrange au fonctionnement obscur. Les nacelles y sont en effet curieusement disposées, inspirant modérément confiance au brave touriste de passage. C'est peut-être pour cela que le site va être bientôt rénové, intention sans doute louable pour l'intégrité physique des visiteurs, mais qui altèrera sûrement le charme rétro du lieu.



Devant s'étendent en couches successive, un long plancher de bois, couramment appelé boardwalk s'étendant sur des kilomètres à gauche et à droite, puis une large bande de sable fin et enfin, le plus attendu, l'océan Atlantique. Contrairement à ce qu'on peut croire, il ne s'étend pas que sur les côtes bretonnes, ce qui donne l'occasion de tester des vagues symétriquement inverses.
Du fait de la chaleur du sable, brûlé depuis des heures par un grand soleil du mois d'août, s'avancer hardiment vers l'eau fraiche maximise les chances de survie.



Mauvaise surprise cependant, si la mer des Caraïbes est aussi de ce côté de l'océan, les eaux de Coney Island n'ont pas sa clarté, impossible de voir ses pieds dès lors qu'ils sont immergés à plus de 10 cm.
Pour compléter le tableau, des petites choses, (désolé pour ce terme scientifiquement discutable mais elles n'ont pas été identifiées) frôlent les mollets des intrépides baigneurs. Ce dernier élément a des conséquences importantes chez nombre de baigneuses allant de simples cris stridents à une demande expresse de protection immédiate, c'est à dire aider à une sortie de l'eau la plus rapide possible.


Toutefois, ces petits désagréments n'empêchent pas de s'aventurer au delà des jetées de rochers pour voir de plus près les cargos quittant la baie et goûter un peu à la vraie baignade océanique. Cette dernière est par ailleurs très pratique pour justifier un arrêt chez Nathan's, autoproclamé à juste titre Roi du Hot Dog. Si le service est un peu industriel, le résultat final est à la hauteur des espérances. Le chien chaud (terme francophone utilisé au Canada) est excellent, donnant une dimension nouvelle à un plat a priori basique. Les cheese fries sont une variante de leur cousine montréalaise, la poutine. Dans les deux cas, associer frites et fromage reste une démarche hautement diététique, quant aux éventuelles implications morales d'une telle idée, il convient de vous laisser seul juge.


Voilà en tout cas plusieurs bonnes raisons de ne pas éviter Coney Island lors d'un séjour à NewYork.

Résultat des cours

Le premier semestre étant achevé, je peux maintenant résumer mes cours pour la postérité. Cher lecteur, tu n'es vraiment pas obligé de subir cet article probablement assez peu attrayant. Cependant, étant donné que mon futur rapport d'étude ne doit expressément pas se consacrer qu'à mes voyages, je suis donc dans l'obligation de parler boulot de temps en temps.
Ayant été particulièrement sérieux en début de semestre, ce qui m'étonne encore, j'ai non pas quatre, cinq mais six cours à décrire. Dans l'ensemble, je les ai tous plus ou moins aimés et voici donc un petit palmarès.


Prendre un cours appelé "Thème choisi en histoire américaine", c'est comme acheter une pochette surprise à la boulangerie, il est difficile de savoir à quoi s'attendre. C'est pourquoi quand je sus que le fameux thème était "Histoire diplomatique des États-Unis au XIXe siècle", le doute commença à s'immiscer dans mon esprit. Heureusement, le cours s'est révélé assez excellent, présentant un sujet intéressant par une approche originale, se centrant autour des relations diplomatiques, habituellement considérées comme un élément secondaire des dynamiques politiques. On apprend ainsi que les États-Unis commencèrent leur histoire comme un pays faible dont la première préoccupation était d'empêcher un retour des puissances coloniales européennes tout en s'affirmant comme une nation viable. Ensuite, la diplomatie fut mise en œuvre de façon concurrente ou complémentaire à la force pour agrandir les 13 colonies. Déportation des Indiens, relations ambigües avec la Grande-bretagne et la France qui vendra malgré tout la Louisiane, guerre avec le Mexique et l'Espagne. On constate que le cynisme et les magouilles en politiques étrangères sont une longue tradition américaine dans laquelle l'administration Bush n'a fait que brillamment s'inscrire.
À la fin du siècle le pays s'affirme comme une puissance impérialiste de rang mondial, il aura fallu cent ans, ou douze séances, chacune durant certes trois heures.
Toutefois, face à l'analyse en profondeur offerte par un professeur toujours charismatique, affrontant la mort par tabagie à chaque cours, cela restera sans doute un souvenir très positif. Jamais sans doute je n'ai entendu des quintes de toux incessantes ayant une telle portée historique !


Pour continuer dans l'américanocentrisme, parlons maintenant du cours répondant au doux nom de "Vie politique au États-Unis". Là encore le prof est un type très sympathique qui gagnerait toutefois à maitriser sa consommation de sirop d'érable et de poutine de façon un peu plus forte. Ce jeune chercheur présente un panorama assez complet des enjeux actuels de la vie publique aux États-Unis, du contrôle des armes au système électoral en passant par la condition des minorités et le complexe militaro-industriel. Par ailleurs, les œuvres recommandées dépassent largement la sphère académique, films, séries et même jeux vidéos sont à un moment ou un autre présentés. Entendre parler de GTA San Andreas dans le cadre de mon cursus académique était assez inattendu mais assez sympathique. J'ai bien sûr profité de ce moment qui ne se produira sans doute jamais à Sciences Po.
Les lectures, pertinentes et intéressantes, sont déposées par l'enseignant sur internet ce qui offre une commodité de lecture et permet de sauver quelques pièces comme il est d'usage de dire ici.
Enfin, last but not least, le prof est une sorte de Michelange du Powerpoint, ils sont denses, très bien illustrés et clairs, trois éléments rarement réunis en France.


Mon cours sur le système politique et administratif du Canada aurait pu être assez ennuyeux. S'il l'a parfois été, le doctorant responsable de l'enseignement était la plupart du temps intéressant. Tout en connaissant visiblement son sujet, notamment sur la question des partenariats public-privé, il n'hésitait pas à ajouter quelques expressions fleuries comme "j'm'en calice", donnant au cours un cachet très canadien. Les exposés permettent de ne pas trop oublier la maison et comme ils sont en groupe, c'était une occasion de faire équipe avec deux Québecoises fort sympathiques pour évoquer les enjeux de l'Arctique canadien. Par ailleurs, d'autres équipes ont fait des présentations absolument remarquables, par leur grande qualité ou leur médiocrité, le contraste étant encore plus important qu'à Paris.
Ainsi, malgré l'horaire tardif, de 19h00 à 22h00, le bilan est plus que positif.


"Le Canada et ses régions", vaste sujet pour ce cours de géographie, divisé en deux séances hebdomadaires d'une heure et demie. Là encore, les présentations Powerpoint sont très belles et précises, d'un niveau supérieur à ce qu'on voit en France, preuve que les nouvelles technologies sont globalement mieux intégrées en Amérique. En revanche, malgré un programme large et captivant, la jeune professeure, bien que fort sympathique manque encore de pratique pour apporter une plus-value importante à l'enseignement de ce cours généraliste. Toutefois, elle s'est révélée beaucoup plus compétente sur son sujet d'expertise, les politiques urbaines et l'organisation des villes canadiennes. Il fallait bien ça pour faire oublier des bourdes mémorables, comme avoir placé la Polynésie française près du Viet Nam sur une mappemonde. Une conférencière spécialiste de la région d'Ottawa ainsi que des visites dans les superbes musées des civilisations et de la guerre font de ce cours un choix judicieux.
C'est également la première fois que j'ai fait un travail de groupe sans connaitre du tout mon équipe autrement que par courriels pour cause de voyages.


Étant inscrit en auditeur libre, j'ai pu assister aux séances d'"Éthique et affaires publiques" selon mon bon plaisir. Globalement,  hormis les dernières semaines, je fus assez assidu, provoquant l'incompréhension de certains condisciples. Il est vrai qu'un cours de 3 heures finissant à 22h n'est pas toujours agréable. Le prof, un ancien haut fonctionnaire, ayant visiblement une belle carrière derrière lui et une importante expertise en matière d'éthique publique n'avait pas un don inné pour les performances scéniques. Ce manque de charisme était néanmoins compensé par un contenu riche et là encore de beaux Powerpoint. Point fort de ce cours, les invités se sont révélés excellents, le prof n'hésitant pas à utiliser pleinement son riche carnet d'adresse. Ainsi, la chancelière de l'université d'Ottawa, un ancien ambassadeur, un duo de hauts fonctionnaires, un jeune officier tout juste rentré d'Afghanistan sont venus présenter leurs activités et leur implications éthiques, sans oublier la charmante fille du professeur, procureur en Ontario.
Enfin, le petit groupe d'étudiants s'est parfois montré haut en couleur, un étudiant essayant de convaincre le professeur de la nécessité pour les pouvoirs publics de lutter plus sévèrement contre la sorcellerie en Afrique. Les deux heures restantes suffirent à peine à certains étudiants pour s'en remettre.


Pour finir, j'ai également participé à un groupe d'anglais ayant lieu deux fois par semaine. L'enseignante était fort intéressante, impeccablement habillée avec une classe très britannique. Les exercices n'étaient pas toujours passionnants, notamment lorsqu'ils consistaient à converser avec son voisin sur des sujets complètement baroques pour améliorer nos "speaking skills". Très bonne utilisation de la technologie cependant, des quizz web basés sur des enregistrements audio ou vidéo canadiens souvent originaux et instructifs ainsi que des "recording classes" pour s'entendre parler, corriger les erreurs et acquérir un meilleur accent. Lors des présentations orales, mon exposé devenu classique, puisque je l'ai désormais utilisé quatre fois, sur l'importance architecturale des monuments parisiens a très bien marché, ce qui fait toujours plaisir. De plus le contexte rendait ainsi mon accent français toujours tenace plus excusable.


C'est tout pour aujourd'hui, merci aux courageux lecteurs qui seront venus jusque ici. Malheureusement, la lecture de cet article ne donne droit à aucune attribution de crédits universitaires.